La pandémie de la COVID-19 et les mesures de confinement adoptées au Québec comme la fermeture des écoles à partir du 13 mars 2020 pourraient avoir des impacts importants sur les apprentissages des enfants du Québec. Les élèves de la grande région de Montréal ont eu des pertes de scolarité d’une durée minimale de 3,2 et de 2 mois pour ceux à l’extérieur de Montréal. Les experts anticipent que la pandémie entraînera d’importants retards scolaires particulièrement chez les populations d’enfants plus vulnérables comme les élèves provenant de milieux défavorisés, les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) et les élèves avec un plan d’intervention. L’objectif de ce programme de recherche est de quantifier l’impact des perturbations scolaires associées à la pandémie de COVID-19 sur les apprentissages des enfants en général, et sur ceux des enfants vulnérables en particulier.

Haeck et Lefevbre (2020) projettent un accroissement des inégalités de réussite aussi grand que 30% au Canada à la suite des fermetures d’écoles. Hanushek et Woessmann (2020) estiment quant à eux que les retards d’apprentissage auront un impact négatif sur le PIB du Canada d’au moins 1607 milliards CAD, soit l’équivalent de près d’un an de PIB sur 80 ans. Ce portrait plutôt sombre se base sur des prévisions, car il n’existe aucune étude populationnelle, longitudinale et/ou transversale, qui inclut des données standardisées sur les apprentissages des élèves avant et depuis la pandémie, ou encore qui permet de comparer les apprentissages des élèves touchés par la pandémie à ceux des cohortes antérieures.

La réussite scolaire et les retards d’apprentissage ont un impact sur la qualité de vie à l’âge adulte. Ainsi, une augmentation des résultats scolaires de 0,2 écart-type est associée en moyenne à une augmentation des revenus totaux sur une vie de 2,6% et à une probabilité d’une plus grande participation au marché du travail (Chetty, Friedman et Rockoff, 2014). Les pertes d’apprentissage à la suite des interruptions scolaires en raison de journées de grève des enseignant(e)s sont associés négativement au revenu, à la probabilité d’emploi à l’âge adulte et elles prédisent l’insuccès scolaire de la génération suivante (Jaune et Willen, 2019). En effet, il existerait une potentielle transmission intergénérationnelle des effets des interruptions scolaires.

Il est essentiel de comprendre l’impact différencié de la pandémie de la COVID-19 en fonction du niveau de défavorisation, des difficultés d’apprentissage, de la langue maternelle, du sexe ou du genre. À ce jour, aucune étude incluant des données de performance standardisées pour les mêmes enfants, avant et après la pandémie, ne permet de mesurer l’impact de la pandémie sur les performances scolaires.